Nous avons posé la question à Bérénice, comportementaliste et responsable de « Kilomètres canins » à Saint Laurent des Arbres (30)
En quoi consiste le métier de comportementaliste canin ?
On m’appelle pour corriger des comportements indésirables. Mon métier est d’expliquer ce que le
chien ressent à ce moment précis, ce que l’attitude du propriétaire exprime pour le chien, et le rôle
que le chien endosse à ce moment-là. C’est de la traduction principalement.
Comprendre les chiens ne suffit pas pour bien vivre ce métier-passion. Il y a une énorme partie que
l’on ne soupçonne pas toujours au premier abord qui est le relationnel avec les clients. Il faut savoir
écouter et avoir de l’empathie sans oublier qu’on est là pour être le porte-parole du chien avant tout.
Mais aussi prendre en compte l’énergie et l’émotivité du propriétaire et préparer la séance en
fonction de ces paramètres. Un propriétaire stressé, c’est un chien stressé.
Très souvent, les comportements naturels du chien sont mal perçus et incompris par les humains. Il
faut savoir différencier le comportement gênant anormal du comportement gênant mais naturel.
Quels sont les chiens qui ont des troubles comportementaux (des races en particulier ?) et ceux-ci peuvent-ils provenir de l’inexpérience des maîtres ?
Quand un chien a des soucis de comportement bien souvent c'est la conséquence directe d'une
habitude de la famille qui ne convient pas au chien. La méconnaissance des comportements
normaux du chien crée des déséquilibres. Quand on ne connaît pas le langage canin, on ne peut pas
se rendre compte de la portée de nos actions : si elles améliorent ou détériorent une situation.
En revanche, l’inexpérience des maîtres peut amener à des situations critiques où le chien est poussé
dans ses retranchements et malheureusement un chien qui grogne, pince ou mord est toujours le
fautif. Et pourtant un chien qui prévient (retrousser les babines, claquer des dents ou même
grogner), c’est très sain ! Ce qui est dangereux, c’est un chien qui ne prévient pas. Ca fait aussi
partie de mon métier de prévenir les gens sur les risques qu’ils prennent à ne pas vouloir prendre en
compte la sensibilité, les besoins de leur chien. Dans l’idéal on voudrait que le chien s’adapte à
toutes les situations de notre vie, mais cela n’est pas toujours possible immédiatement. Il faut prendre le temps, ne rien précipiter.
Je ne souhaite pas citer de race de chien. Chacune a ses prédispositions : ses sensibilités et ses forces
qui peuvent toutes deux être perçues comme positives et négatives, tout dépend du caractère du
propriétaire. Mais l'erreur la plus courante, c'est quand le chien n'est pas adapté à la vie qu'on lui
propose. C'est ça qu'il faut prendre en compte plus que la race en elle-même.
Beaucoup de personnes cherchent un chien très sportif parce qu’ils se considèrent comme tels. Mais
gérer le dynamisme d’un jeune chien reste une période qui peut s’avérer chaotique. Il faut bien
avoir en tête que les chiens veulent passer un maximum de temps avec leur famille et qu’ils
apprécient tous se dépenser en extérieur avec des congénères. A l’inverse, très peu de personnes me
disent avoir pris leur chien pour rester pantouflard.
Gratifiant ou décourageant ?
Je fais un métier très gratifiant. Apporter des solutions et une meilleure compréhension du chien,
c'est comme l'invention de l'électricité, ça révolutionne les foyers. Et je remarque que cela intéresse
de plus en plus les gens. Le chien est un membre de la famille. Les gens redécouvrent leur chien et
les améliorations se voient très vite, donc les retours sont très gratifiants et me rendent heureuse !